La danse soufie : voyage au cœur des derviches tourneurs

La danse soufie : voyage au cœur des derviches tourneurs

La danse soufie, appelée aussi samâ ou sema, est l’une des traditions spirituelles les plus fascinantes du monde. Elle est pratiquée par les derviches tourneurs, héritiers de l’ordre mevlevi fondé à Konya au XIIIᵉ siècle par les disciples du poète et mystique Djalâl ad-Dîn Rûmi. Plus qu’un spectacle, il s’agit d’une voie intérieure, une méditation en mouvement qui unit le corps, l’âme et l’univers. 

Dans cet article, nous vous invitons à découvrir l’histoire, le sens et la pratique de la danse soufie, un art sacré qui continue aujourd’hui d’inspirer des milliers de personnes à travers le monde. 

Qu’est-ce que la danse soufie ?

La danse soufie n’est pas une danse au sens profane du terme : c’est un rituel spirituel. En arabe, le mot samâ signifie « écouter ». Le derviche, en tournant sur lui-même, écoute la musique, le chant mystique et surtout le souffle intérieur. Son mouvement circulaire symbolise la rotation des astres, le cycle de la vie et le chemin de l’âme vers l’unité divine. 

Les spectateurs parlent souvent d’une impression de spirale infinie, où les corps semblent défier le temps et l’espace. C’est ce qui rend cette pratique à la fois mystique et universelle : elle dépasse les frontières religieuses et culturelles.

Les origines à Konya et l’héritage de Rûmi

La danse soufie prend racine dans l’enseignement de Rûmi, grand poète persan du XIIIᵉ siècle. Installé à Konya (dans l’actuelle Turquie), il attirait des disciples venus de tout l’Orient. Selon la tradition, c’est au son du marteau d’un forgeron qu’il aurait un jour commencé à tourner sur lui-même, découvrant ainsi une nouvelle manière d’entrer en extase mystique.

Ses disciples, appelés Mevlevis, ont codifié ce rituel sous la forme du samâ. Depuis, Konya est devenue le centre spirituel des derviches tourneurs, et chaque année, au mois de décembre, un festival international réunit des milliers de pèlerins et de curieux pour célébrer l’anniversaire de Rûmi. 

Le rituel des derviches tourneurs

Le samâ est un rituel structuré qui commence par une invocation et un salut. Les derviches tourneurs portent une longue robe blanche symbolisant la pureté, et un haut chapeau appelé sikke représentant la pierre tombale de l’ego. Avant de tourner, ils retirent leur manteau noir, signe d’abandon du monde matériel.

Le derviche tourne ensuite autour de son axe, les bras ouverts :

Chaque geste a une portée symbolique profonde, et chaque pas rappelle l’humilité, le service et l’amour inconditionnel.

Le pas des derviches : une technique unique

Le pas des derviches tourneurs, aussi appelé pas des Mevlevis, est essentiel à la pratique. Il nécessite un sol lisse et glissant afin de permettre la rotation fluide et continue. Les pratiquants utilisent des chaussons soufis ou bien dansent en chaussettes pour favoriser la glisse.

Ce pas est un apprentissage exigeant : il consiste à déplacer le pied droit avec douceur, tandis que le pied gauche sert d’axe. La régularité, la respiration et la connexion intérieure permettent d’atteindre un état de méditation profonde.

Apprendre le pas des derviches, c’est entrer dans une discipline où chaque détail compte : la posture du corps, la fluidité du mouvement, mais aussi la capacité à se détacher de soi pour entrer dans un état d’abandon spirituel.

La musique soufie : l’âme du samâ

La musique soufie accompagne toujours la danse. Elle est jouée par un ensemble traditionnel composé de flûte ney, de tambours daf ou bendir, et parfois de luth oud. Le son du ney, souffle long et mélancolique, symbolise l’appel de l’âme séparée de son origine.

Les chants reprennent souvent les poèmes de Rûmi ou d’autres grands maîtres soufis, transformant chaque mot en vibration. La musique n’est pas un simple décor : elle est la nourriture du rituel, le souffle qui guide le derviche dans sa rotation.

La musique soufie : l’âme du Une pratique vivante dans le monde contemporainsamâ

Aujourd’hui, la danse soufie ne se limite plus à Konya. Des ateliers, retraites et spectacles sont organisés dans de nombreux pays : en France, en Suisse, au Maroc, en Turquie ou encore en Iran. Ces rencontres attirent des chercheurs de sens, des passionnés de spiritualité et des artistes en quête d’inspiration.

La danse soufie est devenue une méditation universelle, accessible à tous ceux qui souhaitent expérimenter une voie de reliance intérieure. Elle garde son caractère sacré, tout en s’ouvrant au dialogue interculturel et artistique.

Pourquoi pratiquer la danse soufie aujourd’hui ?

La société contemporaine est souvent marquée par la vitesse, le stress et la dispersion. La danse soufie offre un espace unique pour : 

Beaucoup de pratiquants décrivent cette danse comme un chemin de transformation : plus on tourne, plus l’ego s’efface, laissant apparaître un sentiment d’unité avec le tout.

Danse soufie et derviches tourneurs : un patrimoine immatériel

Depuis 2005, l’UNESCO a inscrit le samâ des derviches tourneurs au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette reconnaissance souligne l’importance de préserver cette tradition millénaire, tout en la faisant connaître à de nouveaux publics.

Conclusion : une spirale vers l’infini

La danse soufie est un héritage vivant, une invitation à entrer dans le cercle sacré des derviches tourneurs. Elle nous rappelle que la vie elle-même est une spirale, un mouvement qui va de la terre vers le ciel, du visible vers l’invisible.

En découvrant le pas des Mevlevis, la musique soufie et la profondeur du samâ, chacun peut trouver une porte vers l’expérience intérieure que Rûmi appelait « l’union dans l’amour divin ». 

DIALOGUE AVEC SHAMS | Matthieu Hocquemiller

Oracle derviche

Qu’est-ce que l’Oracle Derviche ?

C’ est une spirale silencieuse. Chaque carte est un pas dans une danse invisible où l’on rejoint le rythme du monde. L’oracle n’est pas figé : il vibre, il respire, il se laisse apprivoiser par la lenteur.