Connaissez-vous le daf ?
D’origine kurde, ce grand tambour circulaire est un instrument de musique se caractérisant généralement par des anneaux cloués à l’intérieur de son cadre en bois.
Aujourd’hui, on en joue surtout au Moyen-Orient.
Dans le soufisme, il incarne l’Amour mystique*. Rûmi, un poète perse du XIIIe siècle, l’a célébré dans ses vers :
« Le daf dit : “Frappe-moi sur ma face,
Plus tu me frapperas, plus je te dirai de nouvelles histoires
Je suis amoureux et, comme les amoureux, aimable
Si tu me frappes, si tu me blesses, je te parlerai ainsi”. »
Le daf, métaphore de la condition humaine
On raconte que la forme sphérique de cet instrument représente la Terre et, ses anneaux, les humains qui la peuplent. Le son généré par ces petits cercles métalliques cognant sur la peau du daf symbolise les hommes et les femmes qui frappent en vain à la porte de Dieu.
Prisonniers de leur vie terrestre, les êtres ne peuvent se libérer de leur condition que par la séparation. Par analogie, les anneaux sont eux aussi prisonniers du daf. Lorsque l’un d’entre eux se détache, on dit qu’une âme a gagné l’éternité.
La divine mission du joueur de daf
Traditionnellement, le daf est associé aux cérémonies soufies kurdes. Grâce au rythme entêtant produit, le musicien emmène le danseur vers l’état extatique recherché et permet de maintenir l’intensité du Zikr*. Son rôle est donc essentiel. Le joueur de daf se considère comme un intercesseur entre le visible et l’invisible : il fait entendre, par les sons qui le traversent, le battement du cœur de Dieu.
L’âme du daf
Pendant le rituel de la danse soufie, les musiciens peuvent être des dizaines. Par ailleurs, il arrive que la peau d’un daf se déchire. Il devient alors « shahid », c’est-à-dire qu’il a servi Dieu et l’a rejoint en martyr. Dans ce cas, les soufis organiseront des funérailles pour honorer son âme.
Si le daf n’est pas enterré, il sera accroché au mur. En souvenir de la manifestation du divin. Aujourd’hui, ces traditions ont tendance à disparaître, mais elles restent présentes dans les villages kurdes d’Iran et d’Irak.
Un instrument de musique thérapeutique
Pour les soufis, le daf possède des vertus thérapeutiques. Si, selon eux, ses vibrations purifient le corps et soignent les douleurs, elles améliorent également l’état de personnes souffrant de dépression voire de mélancolie.
Pour soigner le ou la « malade », les joueurs de daf l’entourent et le recouvrent d’un drap blanc afin de protéger son âme. Ces pratiques, gratuites, sont toujours encadrées par le Cheikh, un maître spirituel.
Un bain mystique sonore
Jouer du daf permet d’entrer dans une autre dimension : les rythmes soufis portent tous des noms se rapportant au divin ou à la nature.
Par exemple, Hay Allah (« Dieu est vivant ») se joue en ouverture de cérémonie. Ce rythme lent, ponctué de silences évocateurs, marque l’irruption de l’invisible. Il nous invite ainsi à accueillir le mystère…
Daem (« en continu ») fait référence au cycle infini de la vie mais aussi à la force qui se dégage des chevaux au galop.
Chaque rythme nous fait voyager dans une histoire en lien profond avec la spiritualité soufie.
Alors, laissez-vous tenter. Vivez l’expérience !
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