Lorsque l’on parle de soufisme, il s’agit de la branche mystique de l’Islam, qui professe un accès initiatique à la réalité divine.
Les soufis cherchent l’union à Dieu, en cherchant la réalité cachée du coran par le biais de l’abandon d’une vie matérielle. On les appelle les derviches ou derviches errants.
Les soufis mènent une vie ascétique. On leur prête d’ailleurs différents pouvoirs comme celui de lire l’avenir ou de guérir certains maux.
Il s’agit de l’un des nombreux courants d’ordre religieux qui ont été créés à la succession du prophète Mahomet. L’Histoire ne trouve trace des premiers groupes de soufis qu’à Koufa et Bassorah, à partir du VIIIème siècle de l’ère chrétienne, puis à Bagdad au IXème siècle. A partir du XIIème siècle, les groupes soufis s’organisent et se structurent en différentes confréries.
Les confréries soufies sont souvent apparues comme blasphématoires aux yeux d’autres courants (souvent sunnites ou wahhabites), et aujourd’hui encore, les soufis iraniens sont mal vus par le gouvernement.
Ils pensent que chaque homme est voilé à lui-même : l’âme passionnelle, agitée est en quelque sorte prise derrière un rideau qui filtre la lumière spirituelle du cœur. Lorsque l’âme est spiritualisée par la prière et la sincérité intérieure, elle devient peu à peu transparente : et l’âme auparavant opaque devient un vitrail de la lumière spirituelle.
Pour les soufis, la démarche spirituelle est comparable à la traversée d’une succession de voiles, permettant d’atteindre la Divinité cachée derrière les voiles des mondes et des multiples états de l’âme.
Chaque étape de la montée vers Dieu est un voile qu’il faut franchir afin d’accéder à un état supérieur, qui sera à son tour le voile d’un état plus haut, et cela jusqu’à l’union spirituelle suprême, qui abolit tous les voiles et toutes les dualités entre l’Homme et Dieu.
La cérémonie du Samâ reflète toutes ces étapes de la quête de Dieu.
Les derviches se déplacent d’abord avec lenteur et font trois fois le tour de la piste. Ce déplacement est le symbole des âmes errantes, après le troisième tour, le maître prend place sur son tapis et les danseurs attendent.
Pendant que les chanteurs chantent et qu’ils s’arrêtent, les derviches quant à eux, vont d’un geste triomphal, laisser tomber leur manteau noir, afin de dévoiler leur vêtement blanc.
La chute du manteau laisse la place à une illusion. Alors que le manteau noir représentant l’enveloppe charnelle est abandonné, c’est la résurrection.
Il faut avoir les bras croisés sur la poitrine, mains sur les épaules, se mettent à tourner lentement, sur eux-mêmes puis écartent les bras, la main droite tournée vers le ciel pour récolter la grâce de Dieu et la main gauche tournée vers le sol pour la dispenser vers les hommes.
En même temps qu’ils tournent sur eux-mêmes, ils tournent autour de la salle. Ce double tour n’est pas sans rappeler la loi de l’univers : l’homme tourne autour de son centre, son cœur, et les astres gravitent autour du soleil. Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Samâ : toute la création tourne autour d’un centre.
Au cours des séances de Samâ, les poèmes du Divân et ceux du Mathnavi étaient sans cesse célébrés et chantés. Cette danse qui symbolise le tournoiement des atomes autour de leur centre, c’est-à-dire des planètes autour du soleil, n’a pas seulement une signification cosmique. Au-delà des limites du temps et de l’espace, elle symbolise la recherche par l’Homme de son véritable « Moi », Soleil Divin.
De nombreux poètes soufis jouent sur ce thème : ce que l’on voit, ce que l’on cache, ce que l’on découvre, ce que l’on perçoit…
A la différence des derviches tourneurs, la musique et la danse soufie d’Iran vivent le hâl sans passer par une cérémonie ritualisée et scénographiée. Le poète Sohravardi au XIIème siècle disait que « C’est la danse qui est le produit de l’état intérieur de l’âme ; ce n’est pas l’état intérieur qui est le produit de la danse. » Par ailleurs, le visible devient invisible et inversement.
Originaire de la ville de Balkh, dans l’actuel Afghanistan, Rûmî fait partie du soufisme, il est le fils d’un théologien et maître soufi réputé, surnommé « sultan des savants » (Sultân al-‘Ulama).
Avant d’être un mystique il est avant tout un théologien, fin connaisseur du Coran et de la Sunna qu’il enseigne. C’est sa rencontre avec Shams de Tabriz qui va faire de lui un poète…
Rûmî, dans sa poésie et dans la danse, exprime les thèmes chers au soufisme que sont l’accomplissement de l’être dans l’union à Dieu à travers l’abandon de l’ego, la quête de la vérité derrières les apparences et l’ivresse mystique.
Les 7 mouvements du Samâ, symbole de l’amour divin et l’extase :
Les 7 mouvements, ou symboles, se réfèrent également aux 7 astres « errant » parmi les étoiles. Ces 7 astres sont : le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne.
On retrouve également les 4 éléments de la terre et un cinquième qui est le vide, symbolisé par les tours.